PORTRAIT D’ANNA DE NOAILLES
La demeure de la comtesse de NOAILLES, fut un des lieux mondains de la vie parisienne du début du xxème siècle.
Elle qui vénère sa mère pianiste et dira « Je suis issue toute entière du bois de ton piano » recevra le grand prix de littérature décerné par l'Académie française et deviendra la première femme élue à l’académie de Belgique
SARAH BERHNARDT dira que la comtesse de NOAILLES est « le plus grand des poètes »
Son œuvre dépeint la nature, l’amour, la mort mais avec lyrisme.
« Je vous laisse ce cœur et toute son histoire,
Et sa douceur de lin,
Et l’aube de ma joue, et la nuit bleue et noire
Dont mes cheveux sont pleins ».
En 1921 parait « Les Forces éternelles» évocation des batailles de
Elle côtoie André GIDE, LINDBERGH, COCTEAU, COLETTE, VALERY, MAURIAC…..
Réticente à la nouvelle vague qui surgit, celle du surréalisme et du dadaïsme elle n’hésitera pas attaquer André Breton.
Quand PROUST devient célèbre elle est consternée……
Elle ne suit pas l’évolution de son époque et incarne une certaine désuétude face aux courants littéraires des années folles.
Aujourd’hui cette flamboyante poésie est très loin de nos préoccupations….Et pourtant...
«Et le jour où je serai morte
Vous direz à ceux qui croiront
Que j’ai poussé la sombre porte
Qui mène à l’empire âpre et rond :
"Je l’ai vue errer et sourire
Et s’en aller dans le soleil".
« Il n'est pas un instant où près de toi couchée
Dans la tombe ouverte d'un lit,
Je n'évoque le jour où ton âme arrachée
Livrera ton corps à l'oubli. [...]
Quand ma main sur ton coeur pieusement écoute
S'apaiser le feu du combat,
Et que ton sang reprend paisiblement sa route,
Et que tu respires plus bas,
Quand, lassés de l'immense et mouvante folie
Qui rend les esprits dévorants,
Nous gisons, rapprochés par la langueur qui lie
Le veilleur las et le mourant,
Je songe qu'il serait juste, propice et tendre
D'expirer dans ce calme instant
Où, soi-même, on ne peut rien sentir, rien entendre
Que la paix de son coeur content.
Ainsi l'on nous mettrait ensemble dans la terre,
Où, seule, j'eus si peur d'aller ;
La tombe me serait un moins sombre mystère
Que vivre seule et t'appeler.
Et je me réjouirais d'être un repas funèbre
Et d'héberger la mort qui se nourrit de nous,
Si je sentais encor, dans ce lit des ténèbres,
L'emmêlement de nos genoux... »
COCTEAU restera fidèle à Anna et lui consacrera son dernier livre en 1963 : « Jean Cocteau et Anna de Noailles Correspondance »